Et vlandanlaggle.
C'est incroyable comme un seul nom, une seule révélation inattendue, peut à la fois déstabiliser un rêve nourri pendant une décennie, et vous révéler a posteriori que vous avez des goûts de merde.
J'ai toujours été une romantique. Romantique comme Baudelaire et ses confrères les artistes torturés, et romantique comme la princesse qui attend l'âme sœur enfermée dans sa tour. Et cette chanson fut, pour ainsi dire, l'un de mes premiers amours. Ou plutôt, disons qu'elle m'a donné une image de l'amour, qui, depuis, ne m'a pas quittée. Je ne sais pas si vous vous rendez compte : cette chanson a peut-être contribué à faire de moi ce que je suis aujourd'hui.
La première fois que je l'ai entendue, je devais avoir, genre, six ans. Sur une cassette pirate de ma sister, environ dix-neuf ans à l'époque. C'était, j'ai vérifié, en 1999. Et c'est bien simple : cette chanson me mettait les larmes aux yeux. C'était tellement ''l'amour comme je l'imaginais'' : puissant, pur, mélancolique et douloureux. Pour moi, ça tombait sous le sens : des lettres d'amour jamais ouvertes, des larmes silencieuses, et une gueule d'ange qui errerait sous la pluie battante, dans la ville déserte, hanté par le souvenir de son amour perdu... Je l'imaginais jusque dans les moindre détails : les traits fins, les cheveux en bataille, de grands yeux bleus, et bien sûr, tout de noir vêtu. Je me sentais, par ailleurs, tout à fait disposée à le consoler, le pauvre. (Notez que près de dix ans plus tard, le fantasme platonique demeure inchangé. J'ai presque honte de ma non-évolution.) Bref! D'accord, c'était/c'est un peu mièvre. Mais putain, qu'est-ce que j'aimais cette chanson. La petite fille que j'étais en avait des frissons ; c'était mon idéal de l'amour.
Puis vint le nouveau millénaire, la chanson a fini par passer de mode. Ma soeur a quitté la maison, et avec elle, la cassette (dont on a n'a pas entendu reparler depuis). Le refrain de la chanson me revenait à l'esprit, de temps à autres, et il me mettait toujours en émoi, en plus de me rendre nostalgique.
Et c'est ainsi, en 2009, un jour où je me suis surprise à fredonner cette fameuse chanson-intimisto-romantique-inoubliable-qui-a-bouleversé ma vie, que j'ai pris conscience du fait qu'après toutes ces années, j'avais beau la connaître par cœur, j'ignorais toujours qui la chantait. J'ouvre Gougueule, pleine d'émotion... Je tape les paroles du refrain... Je lance la recherche...
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...Le chanteur, c'était David Hallyday.
Honte.