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† Gloom in Bloom III †
1 mai 2010

Dunkelheit, Einsamkeit, Traurigkeit - wilkommen in der Wirklichkeit.

Voilà deux semaines que j'ai passé ma dernière nuit chez moi.

Autorisation spéciale du proviseur sur demande de mon paternel.

C'est une chambre étroite, basse de plafond. Deux placards et deux lits à gauche de la porte, deux placards et deux lits à droite de la porte. Mon lit est à droite - c'est celui du haut. Je suis arrivée il y a deux semaines et j'y ai posé mes draps noirs. Sur le mur j'ai épinglé, comme des talismans ou des icônes religieuses, des photos de deux personnes qui me sont chères, et deux flyers, trésors de guerre de Camden Town en février 2009 : d'un côté, "Antichrist : more than a night out, it's a way of life" et sa jolie modèle fetish, de l'autre, "Pure Fucking Industrial". Près de mon oreiller, une petite souris en peluche. C'est tout.
De la chambre, un couloir donne sur la salle de bains et sur la salle de travail, dont les larges fenêtres donnent sur le reste du lycée.

Je vais et je viens, en général seule. Il n'y a qu'à l'appel de 22h que ma présence est requise. Freedom!

Mes trois colocataires appartiennent, tout comme le reste des internes, à l'élite de la nation. Nous partageons une chambre et nous vivons dans des dimensions différentes. Je suis la seule L. C'lasse poubelle. Et ma musique et mes images sont d'une saleté et d'une violence qui leur sont étrangères. Nous nous entendons sans réellement nous comprendre.

Lille Sud, Porte de Douai, derrière la grille, dans la masse de béton indiquée par le panneau J. J'y dors, j'y mange, j'y étudie. J'aime assez ces murs et ces jardins. Je leur suis reconnaissante. Mon eczéma a presque disparu depuis que je ne vis plus chez mes parents pendant la semaine. Mais ce n'est pas chez moi.

Le samedi midi, et jusqu'au dimanche soir, je reprends le métro vers les hautes et élégantes maisons de Vauban. Ma chambre, mes livres, mes CD, mes ordinateurs, mes souvenirs.

Et mes parents.

Le vide que j'ai laissé en partant s'est déjà refermé, et je viens rompre un équilibre qui s'est installé sans moi.

Ce n'est, finalement, pas si angoissant de ne plus avoir de chez-soi. On est partout, on est nulle part. On renonce. On est en quête d'un toit accueillant qui nous épargnera les samedi soirs redoutés. On espère, un jour, retrouver un abri où ranger notre cœur.

Home is where your heart is. Et déjà, ici, ce n'est plus chez moi.

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Commentaires
M
Confiture.
M
J'ai fait une quiche. T'en veux?
M
Prout.
† Gloom in Bloom III †
  • "La mort, ce n'est rien. Commence donc par vivre. C'est moins drôle et c'est plus long." Gloom in Bloom, troisième volet : le fracassant retour de La Déterrée. Vous craignez le pire? Vous avez raison.
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